mardi 12 juillet 2011

Daniel Derguy : un cas grave

Pays Basque

Daniel Derguy : un cas grave

12/07/2011
Goizeder TABERNA
Pour protester contre sa nouvelle arrestation, Daniel Derguy s’est engagé dans une grève de la faim. Il est prêt à aller jusqu’au bout. L’inquiétude de son avocate, de ses proches et des mouvements ayant manifesté leur soutien était grande hier, lors de la conférence de presse organisée à Bayonne.
La veille de l’examen possible par la chambre de l’instruction de la cour d’appel d’Agen du mandat d’arrêt européen (MAE) dont il fait l’objet, plusieurs mouvements et associations ont témoigné de la “gravité” de la situation. Le mouvement pro-amnistie, formé par Askatasuna, Etxerat, les anciens prisonniers et les réfugiés politiques, était représenté en nombre. Une délégation renforcée par l’avocate de Daniel Derguy, Me Yolanda Molina, l’association de défense des droits de l’homme le CDDHPB, Solidaires et le NPA d’Anglet.
Ancien prisonnier, incarcéré pendant douze ans, le Labourdin originaire de Saint-Pierre-d’Irube se trouvait dans un moment clé de son nouveau projet professionnel lorsque les policiers français l’ont arrêté le 6 juillet dernier à Cahors. Dès sa mise en garde à vue, D. Derguy est entré en grève de la faim. Depuis sa dernière grève de 63 jours, en 2000, les séquelles au niveau de sa santé sont graves et son état pourrait rapidement basculer, d’après son entourage.
A travers cette nouvelle procédure judiciaire, son avocate voit une volonté de “casser” cet homme avec des accusations remontant à d’anciens temps. L’Audience nationale espagnole le recherche pour son rôle présumé dans l’envoi d’une lettre piégée à une entreprise du Pays Basque Sud, qui avait pu être désactivée, affaire remontant à 1994. Demain, Me Molina défendra la présomption d’innocence et demandera le report de l’audience.
Réponse aux dynamiques
Cette dernière dénonce l’objectif politique qui se cacherait derrière cette opération. Le mouvement pro-amnistie la voit comme une “réponse aux dynamiques en cours au Pays Basque”. Le représentant du CDDHPB a fait le rapprochement entre le cas d’Aurore Martin et celui de D. Derguy, affirmant “que ce n’est pas une coïncidence”. Pour Muriel Lucantis, d’Askatasuna, il s’agit d’un “pur montage”, de “propagande”.
Un “acharnement” de plus de la part de l’Etat français, selon Askatasuna. Muriel Lucantis a relevé les mauvais traitements dans les prisons de l’Hexagone, la dispersion et l’isolement des prisonniers basques vis-à-vis de leurs camarades et la “persécution des militants”. Elle a dénoncé qu’en plus du MAE contre Aurore Martin, des jeunes Souletins avaient été convoqués à la gendarmerie récemment, et que l’interrogatoire portait sur des questions politiques.
Depuis que ETA a déclaré un cessez-le-feu unilatéral, sur les 52 arrestations de militants basques, 27 ont été réalisées par les policiers français. Demandant aux Etats français et espagnol de “mettre un terme à la répression”, Askatasuna a affirmé n’accepter comme réponse de leur part que leur implication dans un processus démocratique dans lequel les droits du peuple basque seraient respectés.
Alors que Daniel Derguy pourrait être envoyé vers le territoire espagnol dans les 20 jours qui suivent la validation de la demande, les associations ont appelé à la manifestation qui aura lieu à Bayonne samedi prochain

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