lundi 16 avril 2012

Une organisation internationale de soutien aux rroms s’inquiète de leur situation à Lyon

e 21 mars dernier l’ERRC (European Roma Rights Centre) a envoyé un courrier pointant les violences faites au Roms et les expulsions à répétition dont ils sont l’objet au mépris du droit international en région lyonnaise.

Alors que s’est dérou­lée dans le plus grand silence en France la jour­née inter­na­tio­nale des Rroms, les poli­ti­ques lyon­nai­ses menant à des actions répres­si­ves et répé­ti­ti­ves à l’égard des réfu­giés Roms ins­tal­lés sur Lyon ou dans les com­mu­nes avoi­si­nan­tes ont trouvé un écho par­ti­cu­liè­re­ment défa­vo­ra­ble au sein d’une orga­ni­sa­tion inter­na­tio­nale de défense des droits de l’Homme com­bat­tant le racisme et les dis­cri­mi­na­tions anti-rroms. L’ERRC a donc fait par­ve­nir à nos élus un cour­rier des plus expli­ci­tes quant aux droits des Rroms ainsi qu’aux mau­vais trai­te­ments dont ils sont vic­ti­mes par chez nous.
Dans son cour­rier en date du 21 mars, l’European Roma Rights Centre (ERRC) tient à infor­mer les élus (maires et élus concer­nés) et le préfet de leur préoc­cu­pa­tion quant aux mul­ti­ples évacuations et vio­len­ces sur­ve­nues à Lyon et Vaulx-en-Velin ces deux der­niè­res années [1].
Madame, Monsieur, (…)
Nous tenons à vous infor­mer de notre préoc­cu­pa­tion quant aux mul­ti­ples évacuations et vio­len­ces sur­ve­nues à Lyon et Vaulx-en-Velin. Nous appe­lons les auto­ri­tés à four­nir un héber­ge­ment sûr à cette com­mu­nauté Rom qui est aujourd’hui en danger.
La der­nière évacuation eu lieu le 27 février, au total 130 Roms (dont 35 enfants) furent expul­sés par la police natio­nale et la police aux fron­tiè­res d’un bâti­ment sco­laire. Les famil­les étaient dans ce bâti­ment car leur squat avait brûlé le 24 février 2012. Les famil­les sont entrées dans le bâti­ment sco­laire le 25 février4 et ce même jour la muni­ci­pa­lité de Vaulx-en-Velin leur a noti­fié un ordre de quit­ter l’école.5 La police les a expulsé deux jour plus tard.
D’après les décla­ra­tions des repré­sen­tants de la muni­ci­pa­lité, la mairie n’était pas infor­mée de la déci­sion de la pré­fec­ture d’expul­ser les famil­les. L’évacuation fut exé­cu­tée malgré le plan ini­tial de la muni­ci­pa­lité qui était de recou­rir au juge admi­nis­tra­tif pour deman­der une ordon­nance d’expul­sion. Ce qui aurait laissé le temps effec­tif pour les per­son­nes de se pré­pa­rer. (…)
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La lettre de l’ERCC
Après la Hongrie, la Tchéquie et la Slovaquie, qui ont déjà donné lieu à des rap­ports trans­mis à la Commission Européenne par l’ERRC, voila que la région lyon­naise s’ins­crit dans la liste des régions aux poli­ti­ques les plus affli­gean­tes...
Ce cour­rier leur demande très offi­ciel­le­ment de res­pec­ter un cer­tain nombre de droits, parmi les­quels dif­fé­rents arti­cles de la Convention euro­péenne des droits de l’homme :
  • article 3 (interdiction de la torture ou les traitements inhumains ou dégradants),
  • article 8 (respect de la vie privée et familiale et du domicile) et
  • article 14 (interdiction de la discrimination),
  • et (last but not least) l’article 6 (droit de demander réparation ou une satisfaction suffisante pour tout dommage subi à la suite de la discrimination) de la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale.
Et de rap­pe­ler ensuite sèche­ment :
L’Etat a une obli­ga­tion d’offrir un héber­ge­ment à chaque per­sonne se trou­vant dans une situa­tion excep­tion­nelle et per­sonne ne peut la priver de son droit de rester dans hé­ber­ge­ment aussi long­temps que durent la situa­tion excep­tion­nelle.
Etant donné que tant la muni­ci­pa­lité que la pré­fec­ture ont failli à pour­voir un loge­ment adé­quat ou un loge­ment tout court en accord avec les stan­dards inter­na­tio­naux per­ti­nents, l’ERRC appelle les auto­ri­tés concer­nées à :
- Fournir un loge­ment pour les famil­les expul­sées ;
- Mettre fin à la pra­ti­que des expul­sions sans noti­fi­ca­tion adé­quate ni pro­cé­dure régu­lière et assu­rer un loge­ment adé­quat aux famil­les roms à Lyon et Vaulx en Velin ;
- Veiller à ce qu’aucun rom ne soit fait sans-abri suite au pro­ces­sus d’expul­sion ;
- De déve­lop­per des solu­tions dura­bles de loge­ments adé­quats pour tous les Roms se trou­vant en situa­tion pré­caire et mettre en oeuvre de pro­jets inté­grés d’accès à l’emploi, l’éducation et la santé pour pro­mou­voir une réelle inté­gra­tion des Roms à dans l’agglo­mé­ra­tion lyon­naise ;
- D’assu­rer l’iden­ti­fi­ca­tion et la pour­suite des auteurs d’agres­sions contre les Roms.
Rappelons qu’en 2010 l’Etat fran­çais avait été sérieu­se­ment rap­pelé à l’ordre par la Commission et le Parlement euro­péens, nous avons vu la portée de ces aver­tis­se­ments sur les déci­sions et agis­se­ments poli­ti­ques et poli­ciers et la dis­cri­mi­na­tion sans nom dont ont été vic­ti­mes les Rroms jusqu’à aujourd’hui.
Pourtant, à Lyon comme ailleurs, des asso­cia­tions s’enga­gent pour les défen­dre et les aider à se nour­rir , se relo­ger, sco­la­ri­ser les enfants, faire des démar­ches admi­nis­tra­ti­ves, se por­tent garants... mais ce type d’aide est en plus répri­mée. Finalement, et c’est cer­tai­ne­ment ce que veu­lent les poli­ti­ciens locaux, la majeure partie de la popu­la­tion pré­fère bais­ser les yeux sur les soucis des rroms et adhé­rer sans sour­ciller aux plus idiots pré­ju­gés qui ont per­duré à leur encontre depuis des siè­cles.
L’éclat inter­na­tio­nal de la ville de Lyon ne brille déci­dé­ment pas des mêmes feux selon que vous serez prince saou­dien ou défen­seur des droits de l’homme, VRP amé­ri­cain ou rrom. On peut désor­mais dire au sujet des rroms en Europe, « Only Lyon et la Hongrie » [2].

Notes

[1] Voir l’article du 17 mars sur les derniers évènements à Vaulx en Velin
[2] Only Lyon ® c’est la marque lyonnaise vendue à l’étranger, censée ramener touristes, gens d’affaires, et industries recommandables genre biotechnologies.

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