mardi 10 janvier 2012

Mobilisation "colossale"

Les organisateurs de la manifestation de samedi pour les droits des prisonniers basques l’avaient annoncé depuis plusieurs mois : “Kolosala izango da” (ça sera colossal). Ce fut le cas. Plusieurs dizaines de milliers de personnes (110 000 selon le quotidien Gara) ont participé à cette mobilisation.
Avant même le départ de la tête de la manifestation, le parcours de celle-ci était déjà noir de monde, la foule débordant même sur les rues adjacentes. Une foule pour le moins diverse avec des gens de tous âges et venant de tout le Pays Basque et même au-delà avec notamment la présence de nombreux élus catalans.
Derrière une banderole bilingue en basque et anglais réclamant le retour des prisonniers au Pays Basque avec tous leurs droits (“Eskubide guztiekin euskal presoak Euskal Herrira ! Repatriate all basque prisoners !”) se massaient représentants d’organisations politiques et syndicales et personnalités du monde de la culture. Ils étaient précédés par plusieurs centaines de proches de prisonniers basques qui formaient cinq longues files qui, en fendant la foule, provoquaient une ovation ininterrompue et beaucoup d’émotion.
Partis à 17h35 de la place de La Casilla, les porteurs de la banderole de tête sont arrivés devant la mairie à 18h50 et, alors que beaucoup commençaient à peine à partir du lieu de départ, a eu lieu la prise de parole.
Lors de celle-ci, Jon Garai, au nom des 15 000 signataires du manifeste, a déclaré : “Il n’y a plus d’excuses. [...] A partir de demain, la société basque n’attend pas d’autre scénario qui ne soit pas celui dans lequel disparaîtront les cruelles mesures d’exception qui s’appliquent aux prisonniers basques”. Des représentants de la gauche abertzale, d’EA, d’Aralar, d’Abertzaleen Batasuna et des coalitions Bildu et Amaiur se sont adressés aux Etats français et espagnol pour qu’ils prennent en compte les revendications exprimées par la manifestation et modifient leurs politiques pénitentiaires.
Si le gouvernement français n’avait toujours pas réagi hier, le gouvernement espagnol l’a fait par le biais de son nouveau ministre de la Justice, A. Ruiz-Gallardón. Celui-ci, lors de la cérémonie d’investiture du nouveau délégué du gouvernement espagnol dans la Communauté autonome basque, a rejeté toute mesure de “grâces collectives” qui, selon lui, sont interdites par la Constitution espagnole. “Toutes les décisions qui seront adoptées exigeront une disposition individualisée de la part des prisonniers”, a-t-il affirmé, ajoutant que les prisonniers basques “doivent faire une demande de pardon et montrer une volonté de réparation envers les victimes”.
En revanche, le président du PNV, Iñigo Urkullu, a déclaré sur son blog qu’il “n’y a pas de raisons” pour maintenir la dispersion des prisonniers basques. Quant au président socialiste de la Communauté autonome basque, Patxi López, il a affirmé qu’il existe un “consensus quasi général” sur le fait qu’“une autre politique pénitentiaire est possible”.
La gauche abertzale a, elle, répondu aux déclarations du ministre espagnol de la Justice en estimant que c’est le gouvernement qui doit abandonner la “politique d’exception qui s’appliquait de forme collective” aux prisonniers basques et appliquer à ceux-ci la législation ordinaire, ce “qui conduirait à l’immédiate libération” de plusieurs centaines de prisonniers et au rapprochement du Pays Basque de tous les autres.
Apologie du terrorisme
Alors qu’hier les différents partis du Pays Basque Sud se prononçaient sur la politique pénitentiaire, le juge de l’Audience nationale Grande-Marlaska inculpait d’“apologie du terrorisme” quatre membres d’une association culturelle d’Erandio (Bizkaia) et le responsable du comité des fêtes de cette ville. Leur tort ? Avoir publié la photo d’une prisonnière du village sous forme d’encart publicitaire dans le programme des fêtes légendée “Maite zaitugu” (Nous t’aimons).

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