samedi 27 septembre 2014

Ukraine : interview avec un anarchiste de Donetsk

Face aux fascistes de Kiev,ou à la complaisance de certains envers la Russie,une interview intéressante d'un militant libertaire.
Source: ANARKISMO

La RKAS a survécu à plusieurs crises, s'est impliquée dans la grève des mineurs, et eut plusieurs projets à long-terme, mais qui ne furent pas sans querelles et scissions internes. Au fil des années, l'organisation a été de moins en moins entendu. Pour comprendre ce qui est arrivé à la RKAS, mais aussi pour connaître leur opinions sur les récents événements en Ukraine, nos camarades russes d' "Action Autonome" sont allés interviewer un camarade de RKAS , Samourai.
Version en anglais publiée le 9 août 2014
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AA : Quelle est la situation en Ukraine ? Ton évaluation.
S : Une révolution politique est en train de placer la bourgeoisie nationale au pouvoir, dans un contexte de guerre civile avec une intervention mal dissimulée d'un état voisin, la Russie. Pour faire simple, si je devais utiliser une formule plus lyrique, la vie continue avec deux réalités parallèle : les gens vont au café, continuent leur vie quotidienne, avec les enfants autour, là où au même endroit existent la mort, la violence, la haine...
La situation est très compliquée, et va sûrement durer un long moment. Peut être plusieurs années. Les échos pourraient ne jamais s'éteindre. La division de la société s’accentue chaque jour. D'un point de vue politique, il y a un enchevêtrement de contradictions et de jeux d’intérêts. J'ai beaucoup écrit autour de cet enchevêtrement dans mes article, il y'a maintenant un moment. Durant Maidan et un peu après je disais pendant mes interviews à l'ADSR ( Autonomous Action Contre-révolutionnaire- L'action Autonome social-révolutionnaire), que nous rentrions en hiver. Depuis, la situation s'est encore plus complexifiée. Beaucoup de choses se sont révélées être vraies, de nouveaux acteurs sont entrés en jeu, beaucoup de choses sont devenues plus évidentes. Mais de manière générale, tout s'est déroulé comme je l'avais prédit dans l'article « Baptême du sang ». Ils riaient alors de mes prévisions.... Aujourd'hui la division du pays et la guerre civile sont juste des faits.
Dans quoi êtes vous engagés en ce moment ?
Malheureusement, je ne peux pas tout vous dire. Autrement, beaucoup de gens bien et moi-même auront des problèmes multiples mais nous avons beaucoup de projets. C'est pourquoi je dirais juste que nous essayons de trouve une ligne d'action pertinente dans cette situation nouvelle et changeante.
En tant que RKAS, nous n'existons plus dans la forme connue jusqu'à maintenant. Officiellement, et tacitement, la RKAS a été dissoute, et son noyau a basculé dans des actions illégales. Pourquoi est-ce arrivé ? C'est arrivé parce que la forme que la RKAS avait jusqu'à présent, n'est plus celle adaptée au temps qui arrive. Et dans le même temps , l'ensemble du mouvement anarchiste - en Russie comme en Ukraine - n'a pas les exigences pour la situation actuelle; et RKAS était une partie de ce mouvement et n'a pas réussi à en corriger tout les vices, qui font que «  l'anarcho-mouvement » contemporain ne soit pas du moment. Toutes ces années nous avons tentés de créer un projet efficace dans le type de milieu où ce genre de projet est condamné à échouer. RKAS était un projet. Et le temps nous a montré la futilité complète de nos attentes. Pourquoi suis-je aussi direct ? Il y'a trois raisons qui font que le mouvement anarchiste dans la forme qu'il a aujourd'hui n'a pas de futur. La première est l'infantilisme accablant de la majorité des personnes qui rejoignent le mouvement. Cela n'a pas de rapport avec l'âge, bien que la majorité des participants qui rejoignent le mouvement soient des jeunes. En parlant d'infantilisme je veux dire l’état d'esprit, un point de vue enfantin sur un certain nombre de sujet fondamentaux et sérieux et un manque de sérieux dans la perception des sujets centraux. C'est le paradigme de la conscience de la majorité de ceux qui adhèrent à l'anarchisme, peu importe l'âge qu'ils ont- 14, 16,18, 25 ans ou plus vieux. La naïveté et une certaine forme d’inefficacité enfantine leur sont inhérente. Ces personnes forment l'agenda du mouvement et modèlent son existence. La deuxième raison est la forme « sous-culture » du mouvement. Une très bonne illustration de mes propos est l'une des interviews sur les événements en Ukraine sur le site « d'Action Autonome », dans une réponse d'un des anarchistes interrogés à la question «  Y'a t'il des groupes anarchistes dans le Donbass ? »
« L'activité des anarchistes est à un niveau très bas, il sont peu nombreux. C'est pourquoi leur influence sur la situation politique est extrêmement négligeable. Il y'a des groupes d'anarchistes «  non-organisés » dans plusieurs villes de la région – Donetsk, Kramatorsk, Gorlovka, Mariupol, Yasinovataya. Les membres de chaque groupe approche la dizaine... leurs activités sont variées, depuis l'organisation de jeux de « five-a-side », de concerts, jusqu'à l'agit-prop ( stickers , graffiti)... Mais ces activités ne sont pas systématiques, et ces groupes sont en quelques sortes des groupes affinitaires. »
Je pense qu'il n'y a rien à expliquer. La seule chose que je voudrais demander quand je lis ça : Pourquoi y a-t-il autant de petits groupes, qui s'appellent eux mêmes anarchistes, mais qui dans le même temps, ne sont pas unis dans une seule organisation alors qu'engagés dans une merde évidente ? v La question est rhétorique, et la réponse est tout aussi évidente : l'infantilisme des anarchistes, l'ambition personnelle et l'absence complète, en même temps, de la plus petit vision stratégique des leaders de ces groupes, qui ne cherchent pas à dépasser la « sous-culture » absurde et éculée de « l'action pour l'action », de leur ego, et à s'unir dans une seule organisation et travailler sur un agenda politique.
Un exemple de plus de l'infantilisme et de la paresse idéologique : on peut se rappeler la propagande anti-électorale de la scission de la RKAS, la « Mezhdunarodnyj Souz Anarkhistov » ( MSA, Union Internationale des anarchistes) à Donetsk. Pendant la séparation, les scissionnistes argumentaient beaucoup sur le prétendu autoritarisme de la RKAS qui ne leur donnait pas l'opportunité de se réaliser, et que leur initiatives étaient supprimées et ainsi de suite. Le résultat, c'est qu'une fois libéré de la « dictature du bureau organisationnel de la RKAS », qui les faisait aller dans les mines et les usines, propager le journal «  Anarchy », et discuter avec les syndicats et les coopératives, et faisait construire une « garde noire » auto-disciplinée, s'étant libérée des décisions de l'assemblée de la RKAS et ayant crée la MSA, ils ont montré leur capacités stratégiques et idéologiques en collant des affiches faites main, contenant le message : «  N'allez pas aux élections, mangez des légumes ! »
Et où sont tout ces nouveaux, incroyable anti-autoritaires, les créateurs qui ont affaibli systématiquement la RKAS et mis en pièces le mouvement anarchiste par leur arrivée, en ne lui donnant pas l'opportunité de s'organiser dans une organisation de masse puissante ? Sont-ils toujours en train de coller des stickers, à peindre des graffitis dont personne ne veut, à organiser des match de football et aller à des concerts ? Manger des légumes, ne votez pas ? C'est pour ces raisons , qu'il fallait détruire tous les germes constructifs dans le mouvement anarchiste, en disant que ce n'était pas « assez digne de l'anarchisme pur » ? C'est de cette façon là que les enfants réagissent, en organisant des séjours de désobéissance et des émeutes, pour le bien de leurs petites insultes et leurs jeux.
Et finalement, l'anarchisme des anarchistes, est du au fait que les anarchistes sont devenus le principal obstacle à l'anarchie. Je recours à cette tautologie amusante pour amener votre attention sur cette vieille maladie d'être « anti-organisationnel », destructeur et irresponsable, de le porter à l'échelle d'une vertu et d’empêcher de fait tout travail constructif. Les anarchistes, avec leur erreur absolument absurde, ont échoué à établir une organisation. Et toutes les tentatives pour établir l'organisation à travers le terreau du projet « RKAS » ont donné lieu à une réelle croisade contre « l'autoritarisme et l'extrémisme ». Tant la situation en février 2013 que l’actuelle ont clairement montré toute l'impuissance de cette forme infantile amorphe, d'anarchisme « sous-culture », peu importe quel nom il s'est donné face aux événements historique réels.
Pour en revenir au sort de la RKAS, je peux dire que sa disparition est juste un palier tactique. Peut-être, la RKAS renaîtra avec une nouvelle capacité en tenant compte de toutes les erreurs et en se modernisant. Peut être nous créerons quelque chose de nouveau ou un mélange de variantes. Mais l'esprit de la RKAS et le type d'anarchisme que nous avons essayé de monter depuis plus de vingt ans maintenant, est toujours en vie. Nous n'abandonnerons pas et nous ne disparaissons pas. A présent, nous sommes dissous dans le temps et l'espace, pour l'instant.
Quelle est la composition sociale des protestataires du Sud-Est et de ceux de Maidan ? Qui sont les leaders et les gens ordinaire qu'on y retrouve ?
Maidan et les séparatistes du Sud-Est ne diffèrent pas énormément l'un de l'autre. Les deux rassemblent la population de l'Ukraine : intellectuels créatif, employés, entrepreneurs, citoyens, la population rurale, étudiants, le lumpen prolétariat et les anciens militaires. Cette guerre fratricide se fait entre des gens qui des intérêts communs, mais dans la course à la manipulation politique, cette nation est détenue un otage et une marionnette des intérêts dans la vendetta de clans économiques, de familles, en fait « les personnalités importantes ». Au lieu de tourner leur armes contre les oligarques au pouvoir et leurs empires, les gens ordinaires de Maidan ont mis au pouvoir de nouveaux oligarques, et les gens communs du Sud-Est veille sur l'ordre de la famille du président déchu Yanoukovitch et de son maître à Moscou. Toute cette rhétorique parfumée au nationalisme et au chauvinisme, tout ces pleurs a propos des intérêts du l'Est ou de l'Ouest sont juste des décors de scènes pour la lutte d’intérêts entre les familles oligarchique, et les institutions d’État, sont les sujets de leurs volontés. Mais ce décors est sanglant. Les peuples ont toujours payé de leur vie pour les intérêts de leurs maîtres, que ce soit durant la première guerre mondiale ou la deuxième. Dans les guerres locales récentes de l'histoire contemporaine et hélas, aujourd'hui en Ukraine. Avec comme résultat, des blessures sanglantes et de la colère pour des décennies- c'est la seule chose que le peuple ukrainien recevra finalement pour ses sacrifices. Les populations d'Ukraine, et ceux qui se reconnaissent comme tel ou qui ne le réalise pas, sont embrigadés dans ce « jeu des trônes » cruel. Les gens des deux côtés des barricades et des barrages routiers doivent comprendre qu'ils ont été trompés, qu'ils sont en train de se battre pour une mythologie, et qu'en réalité ils s’entre-tuent, alors qu'ils sont un corps uni. Les travailleurs qui ont été lancés les uns contre les autres comme des chiens de combats, sur lesquels les enjeux sont placés, n'obtiendront rien à part des blessures et de la douleur. Parce que l'ennemi est du mauvais côté du spectacle. L’ennemi est au Kremlin et au Palais Mariinsky, au Capitole et au Bundestag.
Parlons maintenant des leaders. Les leaders de Maidan sont la bourgeoisie nationale, et ses éléments radicaux. Qui sont les leaders séparatistes ? La bourgeoisie nationale et ses éléments radicaux. A l'Est, ils effraient les gens avec Pravyi Sektr (« Secteur Droit »), et les appellent à combattre le fascisme- ceux qui viennent des partis et mouvements fascistes russes et partage le paradigm du fascisme impérial de la nation russe. Les supporters de Barkashov, Zhirinovsky, Dugin and Limonov appellent à combattre le fascisme, disent-t-il ? C'est n'importe quoi ! Et l'aspect le plus triste de ce processus est que par fascisme les fascistes et nationalistes russes, ensemble avec ceux bernés par eux, c'est à dire tout les Ukrainiens, le peuple ukrainiens en fait. Les Ukrainiens ont renié leur histoire, leur langage, leur propre nom, leur droit d'exister en tant que tel. À Donetsk, selon leur logique, tu as le choix d'être russe ou d'être un fasciste. Si tu es Ukrainiens, mais que tu n'as rien a voir avec le nationalisme et qui plus est avec le fascisme, ca ne compte pas. Si tu dis, «  Je suis ukrainien », pour un mot en ukrainien, tu es battu ou tué. C'est simple. Voici la logique du « nationalisme anti-fasciste » impérial russe. Venez à Donetsk et parlez ukrainien si vous voulez voir par vous même. Et ce fantôme a embrasé, non seulement la droite pro-russe, mais toute les strates de la population. Même la soi-disant gauche dans le Sud-Est. La manipulation gagne la guerre. C'est arrivé à Maidan et ça arrive maintenant dans le Sud-Est.
Quelles types d'organisation sont « Rabotchiy front » et « Lava » ? Quel impact ont-elle ?
« Lava » est juste un groupe de mineurs qui vient d'une des mines de Donetsk, qui, sous l'impulsion générale, dans les premiers jours d'émeute dans la ville est venu au siège de l’administration régionale d'Etat et a écrit « Lava » sur un drapeau noir. Ce n'est pas une organisation politique. C'est juste un groupe de gens. La drapeau trôna sur le balcon du bâtiment pendant quelques jours, puis disparut, tout comme le groupe lui-même. Ces gens n'avaient rien à voir avec l'anarchisme. C'est arrivé durant les jours d'émeutes. Les gens dans le tumulte des choses font des choses, mais ces choses n'ont aucune conséquence.
« Rabochiy Front » est un groupe qui a émergé de la scission de l'Union des Travailleurs Ukrainiens bien avant les événements de Maidan. Ce sont des travailleurs communistes, avec une vision pro-soviet. Quand le soulèvement de Donetsk a commencé, ce groupe s'est montré en protégeant un monument pour Lénine. Puis ils ont participé à la capture de l'Administration Régionale de Donetsk. En général, la participation des sympathisants du Parti Communiste d'Ukraine et des groupes pro-soviétique dans le mouvement séparatiste se sont manifesté massivement et activement. Même le parti « Borot'ba » a pris une part active dans les événements du Sud-Est. Beaucoup de gens voit la Russie comme la successeure de l'Union Soviétique. Et, connecté à ça, dans tout les « pro-russianisme » ils voient une sorte de restauration de l'URSS. C'est très illogique et ridicule, et je n'ai même pas envie de commenter ça. Mais les psychoses de masse sont des phénomènes complexe. Cela a été parfaitement décrit par quelque uns, de Le Bon à Reich en passant par Moscovici. Il y'avait un temps ou je n'arrivais pas à comprendre comment les Nazis avaient réussi à gagner l'Allemagne aussi facilement. Maintenant je comprend. Les foules peuvent être seulement manipulés, elles avalent tout. De plus, aucun des schémas classique du monde ne marche à l'ère du Post-modernisme. C'est pourquoi tu peux voir un communiste et un fasciste au coude à coude, un impérialiste et un partisan des conseils de travailleurs, un anarchiste et un nationaliste. Je me souviens d'une illustration vive de ceci, quand à un rassemblement antifasciste en l'honneur de l'anniversaire de la victoire sur le fascisme, le 9 Mai à Donetsk, mon frère, un partisan des séparatistes, a été accueilli par un « Heil Hitler » antifasciste par ses camarades de mouvement, l'un de ceux qui ont pris le service de sécurité d'Ukraine. En réponse de mes remarques sarcastiques, mon frère, qui est venus protéger « les vétérans de Banderovtsky », murmura timidement : “Hrmph…”.
Peux-tu développer sur le référendum du 11 Mai ?
Un autre exemple de la société du spectacle. Le référendum- qui ne peut être réfuté ou vérifié. Avec ses faux ballots et bureau de vote, sans observateurs et sous l'oeil attentif de personnes masquées. J'ai eu moi-même la joie d'être témoin du gars avec un canon scié qui était en train de protéger mon bureau de vote. Le référendum, a propos duquel le tireur de ficelle M. Barbashov a personnellement informé un des leaders de la République Populaire de Donetsk en lui donnant ses instructions «  Ecrit 90 pour cent des votants présents et voyons la réactions des Kokhoziens » ( une expression péjorative ou offensante désignant les ukrainiens). C'était une farce. Pour être plus précis, cela faisait partie des stratégies politiques intégrées dans un projet plus global. Son but était de créer en premier lieu des républiques populaires indépendante, supposées légitimes, et puis de demander leur admission dans la fédération russe. Partout, que ce soit à Donetsk ou a Lougansk, le scénario de la Crimée a été exécuté. Et en premier lieu les séparatistes avaient beaucoup d'espoir sur cette option. Pas par accident, quelques heures après la proclamation de la DNR (la République Populaire de Donetsk), ses leaders demandaient la protection de Poutine. Ceci dit, je me demande comment la rhétorique anti-oligarchique et socialiste des séparatistes se combine avec l'amour pour un état impérialiste, autoritaire et oligarchique et spécialement le méga-oligarque Poutine, dont la fortune s'élève à plusieurs millions. Un autre fait dans cette tragicomédie absurde. Le scénario criméen a échoué dans le Donbass, une annexion rapide et facile a échoué. Les circonstances étaient mauvaise du temps a été perdu. Et en général, je doute que cela faisait partie des plans de Poutine. Je ne donnerai aucune estimation par rapport à la région de Lougansk. Mais il y'a une grande partie des gens de Donetsk et de sa région qui ne supporte pas la DNR et qui sont partisans d'une Ukraine unie. Je peux le confirmer. Les séparatistes sont mieux organisés et ont de meilleures ressources administratives et le soutien de l'état voisin. C'est tout. Et les sentiments sont approximativement égaux voire j'admet qu'il y'a plus d'opposants à la république populaire que de supporters.
Que penses-tu du feu à Odessa le 2 Mai ? Qui, penses-tu, a commis l'incendie volontaire ?
C'est une autre partie de la manipulation à grande échelle, sur laquelle il est difficile de parler car elle est basée sur le sang et les souffrances. D'ailleurs, comme tout ce qui se passe actuellement en Ukraine. On peut rappeler les meurtres brutaux des partisans de l'Ukraine a Gorlovka, les assassinats et les coups durant les manifestations pour la défense de l'unité de l'Ukraine à Donetsk, les coups et les tortures des séparatistes et des agents impérialistes. Le NKVD a opéré à Donetsk, dans les bâtiments de l'administration d'Etat, devenu les quartiers généraux des séparatistes et le siège de la DNR. Oui, c'est un nom très simple pour le lieu où les rebelles pro-russes amènent leurs opposants ou simplement les insatisfaits, et où ils sont frappés et torturés, où ils sont gardés dans des conditions affreuses pendant des mois. On peut rappeler des dizaines de cas. C'est la logique des conflits civils. Les pertes des deux côtés sont inévitables. Odessa est une partie des évènements Cela pourrait arriver dans n'importe quelle ville avec des activistes des deux camps. Avec le même succès, les séparatistes pourraient conduire des pro-ukrainiens dans un bâtiment et pendant la bataille, le feu pourrait arriver, avec le même résultat. Quand les gens meurent, les gens ordinaires, quand ils sont tués par d'autres gens ordinaires dans l'intérêt des riches, c'est la tragédie de tout le monde. J'ai mentionné cela au début de notre conversation. La tragédie à Odessa est une partie de la manipulation à grande échelle, une partie du score des victimes de la guerre civile préalablement ouverte. La guerre, qui de chaque côté est en train de tuer l'autre, et il y a des victimes occasionnées des deux côtés. Je le répète, la tragédie pour moi n'est pas de savoir qui tue qui et dans quelle proportion, mais le fait que les causes du conflit civil des gens ordinaire sont des mythes, qui font mourir dans l'intérêt de ceux qui sont au pouvoir. Donc, les gens qui tués sous le drapeau ukrainien comme ceux tués sous le drapeau russes sont les vicitimes des Molochs du pouvoir dans le sens le plus large du monde. Ce n'est pas une guerre des oppressés contre les oppresseurs, c'est une guerre de maisons féodales, où les morts sont les recrues, et les seigneurs se lavent les mains. C'est dégueulasse. La vraie révolution commencera quand les plébéiens se rejoindront contre les patriciens, et ne se tueront plus pour leur intérêts. Et pour Odessa nous ne connaitrons jamais la vérité. Comme me disait un supporter des séparatistes : «  Oui, les deux côtés mentent, mais tu dois choisir le mensonge que tu es prêt à défendre. Pour ne pas être déçu par ton choix après. » C'est la logique qui est dans les esprits des parties belligérantes. Je ne veux pas choisir entre deux types de mensonges, je veux être du côté de la vérité. Et la vérité est là où les gens luttent contre leurs oppresseurs, pas contre leur propre genre.
Quelle est ton attitude envers Avtonomnyj Opir, Borot’ba et les autres gauchistes de différents types, qui sont impliqués dans les protestations à l'Ouest et à l'Est ? Que sais tu a propos de la création de la garde Noire d'Ukraine ?
Je regarde Avtonomnyj Opir avec intérêt comme je crois que le mouvement anarchiste manque d'une étude compétente de la question nationale comme il manque une attitude envers le patriotisme dans sa forme purement folklorique, comme elle l’était dans certains vieux mouvements de Hristo Botev à Nestor Makhno. Il arrive qu'aujourd'hui la vison du cosmopolitisme est dominante parmi les anarchistes, le cosmopolitisme qui rejette toute racines et marginalise les peuples, alors que l'internationalisme , qui a une part d'intérêt national aussi bien que international et concerne l'amour pour un pays sans composé politique, a reculé dans ses positions. Les deux points de vue ont toujours été présents dans l'anarchisme. Les anarchistes internationalistes correspondent plus au sens commun à mon sens. Autrement nous risquons de faire un nombre important de vieilles erreurs et recommencer à être un mouvement marginal.
Je regarde Borot'ba avec précaution, car ils sont concurrent des anarchistes. Et ca veut dire qu'ils sont nos opposants. Le projetd e Borot'ba est proche du parti communiste et a été crée pour un futur remplacement du vieillisant et mourant KPU ( le parti communiste d'Ukraine). C'est une version moderne , jeune et contemporaine du Parti Communiste. Nous verrons les Mps de Borot'ba tenir des sièges au Parlement Ukrainien. Ils ont déjà commencé à suivre ce but. En terme idéologique, Borot'ba est l'héritier du vieux mouvement communiste, en prenant la responsabilité de sa longue histoire. En commençant par le combat de Marx contre Bakounine dans l'internationale jusqu'à la dictature bolchévique de Lénine et Trotsky et la destruction des anarchistes et de la Makhnovstchina , de Staline et l'Union soviétique à Petr Simonenko, Victor Apilov et Gennady Zyugaov aujourd'hui. C'est pourquoi je ne suis pas surpris que les Borotb'istes cherchent à rependre une part active dans le mouvement séparatiste dans le Sud Est de l'Ukraine du côté des forces impériales, et du pourquoi le drapeau rouge flotte à côté du drapeau tricolore impérial. Il y'a des pages héroïques dans cette histoire, mais les communistes étatiques seront toujours des ennemis des anarchistes, peu importe sous quels masques ils agissent, le non-attractif Simonenko ou l'attractif Vallejo. Tôt ou tard, nous nous trouverons nous même face à ce parti et nous nous battrons encore contre Borot'ba comme les Bolchéviques et les partisans de Makhno se sont battus l'un contre l'autre. C'est inévitable.
Je sais peu à propos projet de la « Garde Noire d'Ukraine »-et pour l'instant je suis sceptique à son propos, en rapport avec ma critique du mouvement anarchiste ukrainien que j'ai exprimé dans l'interview. Je serais fier de me tromper.
Penses tu qu'il y'a des experts russes dans le Sud-Est ?
Je ne le pense pas, je confirme. Et beaucoup d'entre eux sont dans des bases d'entrainement dans les régions de Donetsk et Lugansk, où des groupes de 400 à 500 locaux et des volontaires russes s'entrainent sous la direction d'instructeurs militaires. Il y'a des experts, qui sont , par exemple dans le bataillon « Vostok » ( Est), plusieurs dizaines de professionnels militaires russes. Il y'a Girkin et son groupe a Slovyansk, il y'a Bezler à Gorlovka et plein d'autres. Bien sur, la majorité des gens qui sont en train de se battre sous le drapeau des séparatistes sont des locaux, des travailleurs ordinaires ou des vétérans de l'armée ou d'agences de sécurité, les vétérans de la guerre d’Afghanistan, anciens policiers ou experts des forces spéciales. Mais un nombre significatif sont des volontaires de Russie, comme les Don Cossacks et les noyaux d'organisations nationalistes russes, sont des saboteurs militaires, spécialistes, qui organisent le processus. L’approvisionnement, l'équipement spécial, les armes et l'argent viennent de Russie via le puissant lobby de la Duma. Les gens proches de Poutine forment les fonctionnaires de la république populaire de Donetsk, des gens comme Glazjev, par exemple, et d'autres personnalités comme Zhirinovsky, Dugin, Barkashov. De plus, Le chef actuel du gouvernement de l'auto-proclamée « République Populaire » a Donetsk, est un célèbre stratège politique de Moscou, Boroday, désigné par l'administration du Kremlin ; il donne aussi des ordres au séparatistes du bataillon « Vostok », pour qu'il recrute des volontaires/mercenaires dans ses bureau de recrutement à travers toute la Russie. C'est une intervention qui s'appuie dans une large mesure sur le mouvement de protestation et les élites politiques locales. Tout ces éléments sont présent.
Y'a t'il une possibilité pour que les protestations se transforment en révolution sociale ?
Pour le moment, c'est un scénario improbable. Je crois fermement qu'on révolution sociale est possible uniquement lors de la présence de deux facteurs. Une demande massive publique pour un changement radical et l'organisation politique de l'aile révolutionnaire des anarchistes, qui seront capable de s'organiser et de diriger le processus de changement et déconsolider ses résultats. Si le premier facteur est plus ou moins présent, et que l'activité dans la population a augmenté, le facteur subjectif est toujours absent. Une révolution politique a pris place. Et les forces politiques et ceux que l'on a appelé la grande bourgeoisie- dans sa version moderne, les oligarques- prendront les avantages de son résultat. Mais si nous parlons d'une révolution sociale, il n'y'a aucune demande pour ça, les gens, même si ils voient les changement, ils les voient uniquement à l'intérieur d'un cadre purement politique. Et même ces shoots timides social d'anti-autoritarisme social-révolutionnaire, tant qu'ils ne sont pas soutenu par une une organisation révolutionnaire anti-autoritaire forte, seront détruits par l'agenda politique des bourgeois et des partis nationalistes. J'ai déjà parlé de l'absence d'organisation anarchiste. C'est le principal problème du mouvement anarchiste moderne et la cause de son effondrement dans le contexte des derniers développements. Les choses qui sont en train de se passer en Ukraine et le fait que les anarchistes ont été incapable d'utiliser la situation parce qu'ils ont refusé le sens commun pendant des années et étaient captivés par la sous-culture, des illusions anti-organisationnelles, fournit beaucoup d'éléments pour l'auto-analyse.
Et cela confirme toutes les conclusions et les efforts des supporters du projet appelé « RKAS-NI  Makhno » avaient tenté de mener. Le fait que ça a échoué en dit long et répond à la question suivante : « Est-t-il possible pour les anarchistes d'espérer maintenant de transformer l'activité des masses en la préparation de la révolution sociale ? ». L'organisation est un média important pour l'existence des idées. C'est un incubateur, une école, une société d'aide mutuelle et une plateforme productive pour les idées et les projets ; mais le plus important, c'est un outil pour la réalisation des idées, c'est un instrument d'influence et un instrument de lutte. Ca ne peut pas être remplacé par des groupes affinitaires. Lisez Makhno, Arshinov, Voline, Bookchin, finalement. Et tout devient clair. Les anarchistes aujourd'hui, comme en 1917, ont raté une opportunité unique de diriger le processus.
Quelles perspectives existent pour les anarchistes en ce moment ?
Pour l'instant, aucune. Et j'ai peur que dans le futur aussi, si les choses restent telles qu'elles sont. Si la révolution n'arrive pas dans les esprits de ceux qui se reconnaissent anarchistes. Dans cet interview, j'ai beaucoup parlé de l'auto-satisfaction de l'anarchisme, c'est pourquoi je ne veux pas me répéter. Le projet RKAS était une sorte de recette, qui n'a pas été seulement refusé, mais qui a eu contre elle une véritable persécution. Demandez à ceux qui s'autoproclament anarchistes en Ukraine, ce qu'ils pensent de la RKAS et vous entendrez du venin, de la bile, de la colère et des mensonges. Pourquoi ? Parce nous étions les seuls qui ne gardions pas la paix avec les supporters de la sous-culture et du chaos ( note du traducteur ;: ceux qui croient que l'anarchie est un mouvement pro-chaos), et les seuls qui parlaient du besoin d'unité, de discipline et de rigidité. Les seuls qui parlaient ouvertement d'une seule voie sur la faiblesse et fustigeaient les vices du mouvement. Et les seuls qui ont toujours agis contre les « règles ». Nous n'avons jamais été aimé des autres, avec notre spécial «  RKAS-like » et , comme un fait, l'anarchisme plateformiste de Makhno. Il y'a deux attitudes envers la RKAS parmi les anarchistes- respect ou haine. Mais il n'y'avait pas d'indifférence. Donc nous étions sur la bonne voie. Et notre lutte pour l'organisation est une lutte pour la réalisation de l'anarchisme en pratique. Maintenant nous avons beaucoup de choses à repenser. Mais je suis effrayé que personne ne retourne à ça dans le mouvement anarchiste. Les anarchistes ont une capacité unique dans les masses- ils n'ont rien attrapé. Ils préfèrent répéter les mêmes erreurs, et ceux qui essayent de les corriger, sont taxés de «  non-anarchistes ». Comme dans le cas de la « RKAS ». Alors que je crois que la RKAS est un phénomène unique dans l'anarchisme post-soviet, qui a existé pendant plus de 20 ans et a joué un rôle brillant dans son histoire. Beaucoup de groupes qui sont apparus plus tard sont seulement des clones de la RKAS, dont les créateurs ont juste copié des parodies de la matrice mère, en ayant perdu l'essence originelle. Et chaque anarchiste un peu à part entière qui a voulu créer sa nouvelle organisation , a toujours copié la RKAS, tout en revendiquant en créant cette copie être une rébellion anti-autoritaire et un nouveau pas dans l'anarchisme. C'est ridicule. Et ça serait juste drôle, si ce n'était pas triste. Parce une ambitieuse scission infinie du mouvement sur les motifs d'anti-autoritarisme, mais en fait sur la vanité idiote et l'auto-affirmation. Et je ne sais pas si le passage à l'age adulte viendra jamais... Makhno écrivait a ce propos il y'a déjà 100 ans. Bookchin, il y'a près de 40. J'écris aujourd’hui. Et ca dure toujours. Que dire d'autre ?

liens :  http://www.anarkismo.net/article/27370

mardi 23 septembre 2014

France: 40 députés demandent la dissolution des « antifas »

Source : La Horde

Mercredi 17 septembre, 40 députés ont déposé une proposition de loi « tendant à élargir les conditions de dissolution des associations ou groupements de fait tels que les groupes « antifas » » ; on pourrait en rire, si la démarche ne s’inscrivait pas dans un mouvement plus vaste de criminalisation de l’antifascisme de la part de ses ennemis déclarés, qu’ils appartiennent ou pas aux partis de gouvernement.
Loi anti-antifa
La proposition est un complément à l’article L. 212-1 du code de la sécurité intérieure,  sous la forme de deux alinéas  qui viennent ajouter à la liste des personnes concernées celles « qui portent atteinte à l’intégrité physique des forces de Police ou de Gendarmerie » et celles « dont les agissements entraînent une dégradation, destruction ou détérioration de biens appartenant à autrui. » Rien de très nouveau dans la course au tout-répressif, si ce n’est de spécifier dans la rédaction de la proposition qu’elle concerne en particulier les groupes « antifas », alors qu’on aurait pu légitimement attendre qu’elle désigne les producteurs d’artichauts… Mais en regardant d’un peu plus près la liste des signataires, on comprend mieux la logique de la démarche.
Commençons par les absents : ni Jacques Bompard, ni Marion Maréchal-Le Pen, ni Gilbert Collard ne sont signataires de la proposition. C’est à de braves députés « républicains » que l’on doit cette l’initiative. Petite revue de certains signataires :
Premier de la liste, Yannick Moreau est un député de Vendée, ancien du MPF aujourd’hui à l’UMP dans le courant de la « Droite forte », et  qui s’est fait remarquer en tant que maire d’Olonne-sur-Mer pour avoir remplacé sur la mairie le drapeau de l’Union européenne par celui de la Vendée.
Véronique Besse, député et responsable du Mouvement pour la France de Philippe de Villiers, est présidente d’un groupe d’études sur les chrétiens d’Orient (Etienne Blanc, un des autres signataires de la proposition, était lui en Irak dans le groupe UMP qui accompagna François Fillon en Irak) . Rien d’étonnant à ce qu’elle évoque la fameuse « théorie du genre à l’école  » lors de l’une de ses interventions à l’Assemblée nationale…
Meyer Habib
Meyer Habib et son ami Benyamin Netanyahou.
Meyer Habib, vice-président du CRIF (et conseiller de B. Netanyahu) était membre de l’OJC, Organisation Juive de Combat,  avait fait une autre proposition de loi visant à criminaliser l’antisionisme, prenant comme modèle la loi Gayssot sur le négationnisme. Cet été , il avait qualifié les accrochages aux abords des manifs de soutien à la Palestine de « nuit de cristal », oubliant au passage le rôle de la LDJ dans les violences, et choquant une partie de la communauté juive par ce « raccourci » historique. Rudy Salles est lui aussi soutien indéfectible à Israël, allant jusqu’à soutenir Tsahal pendant les bombardements de Gaza, et président sur Nice Côte d’Azur de la très réactionnaire Association France-Israël de Gilles-William Goldnadel.
Gérald Darmanin, député du nord, directeur de campagne de Christian Vanneste en 2007, avait demandé en 2012 à la ministre des Sports d’« interdire le port du voile sur les terrains de football de notre pays ». Un vrai professionnel des propositions  de loi du mieux vivre ensemble !
Lionel Luca, comme un autre signataire bien connu de la proposition, Thierry Mariani, fait partie de la Droite Populaire, le courant ultra réac de l’UPM (pour la peine de mort, contre l’avortement, l’immigration…) ; il était autrefois proche du couple Pasqua-de Villers, et plus tard de Debout le République de Dupont-Aignan ; enfin, c’est un soutien des mouvements pied-noirs et rapatriés, et l’animateur de la campagne contre le film Hors la Loi, avec des manifs communes à Marseille avec le FN.
Guy_tessierGuy Teissier est le seul authentique « facho » du groupe : engagé à 17 ans pour l’Algérie Française, il a été militant dans ce milieu dans les années suivant l’indépendance algérienne. Militant d’Ordre Nouveau, puis du PFN au début des années 1970 (il était candidat à Marseille sur la liste Blanchot aux municipales de 1971). Il se rapproche au cours des années 1970 de Madelin et des giscardiens, passe au RI, puis à l’UDF, à Démocratie libérale pour finir assez logiquement à l’UMP. N’oublions cependant pas Jacques Myard, qui anime quand même une émission sur Radio Courtoisie, la radio national-catholique qui sert de porte-voix à l’extrême droite réactionnaire.
Pour le reste, pas grand-chose à dire : on a multimillionnaire qui a fait fortune dans l’immobilier (Philippe Briand),  des soutiens de Sarkozy, beaucoup de membres de la Droite populaire, en particulier parmi ceux qui se sont opposés aux sanctions contre la Russie…
Cette initiative, aussi ridicule qu’elle puisse sembler, s’inscrit dans un contexte qui montre quelle place occupe aujourd’hui l’antifascisme dans les représentations des forces politiques, particulièrement à droite, sans même que le Front national n’occupe le moindre poste à responsabilité au sein de l’État.
Dans les années 1990, alors que le Front national connaissait une forte progression de ses scores électoraux et qu’il avait réussi à mettre la main sur plusieurs mairies de villes moyennes, l’antifascisme, qu’il soit républicain ou radical, apparaissait comme une composante légitime du paysage politique français. Il n’était pas rare de voir des affrontements lors des déplacements électoraux de candidats FN, affrontements n’impliquant pas que des militants mais aussi souvent, la population du quartier (cf. caravane électorale de Martine Lehideux pour les législatives de 1997 à Paris). De son côté, J-M. Le Pen, secondé il est vrai du DPS, le service d’ordre du FN, ne rechignait pas à faire le coup de poing, comme à Mantes-la-Jolie le 30 mai 1997. À cette époque, l’opposition à l’extrême droite, quand bien même elle prenait la forme d’une opposition physique à la présence de ses représentants, n’était pas systématiquement suivie d’une répression féroce.
Aujourd’hui, ce n’est plus le cas : non seulement la répression sanctionne systématiquement les antifas quand ils osent s’opposer véritablement à l’extrême droite, mais, plus significatif, l’opposition concrète à l’extrême droite est parfois présentée comme un reflet de la violence d’extrême droite (renvoyant ainsi racistes et antifascistes dos à dos), voire comme une atteinte à la liberté d’expression (le racisme, le sexisme ou toute autre forme de discours discriminant devenant une opinion parmi d’autres).
Contrairement à ce que les médias ont voulu nous faire croire lors de la mort de Clément Méric, l’antifascisme autonome d’aujourd’hui ne renoue pas avec les pratiques des bandes de la fin des années 1980, mais se situe dans la continuité de l’antifascisme radical des années 1990 et 2000. Si l’on met de côté les actions revendiquées FTP à Marseille à la fin des années 1990, qui s’inscrivaient dans un contexte local particulier, l’antifascisme radical n’a pas fondamentalement changé dans ses modes d’action depuis cette époque.
Or, on constate que depuis le début des années 2000, la répression frappe plus fortement qu’avant les militants antifascistes. On peut ainsi rappeler la condamnation de quatre militants qui s’étaient opposés à la propagande homophobe du Bloc Identitaire en juin 2004 sur le marché du Cours de Vincennes à Paris (4 mois de prison avec sursis et de forts dommages-intérêts) ou encore celle de deux autres militants opposés à SOS Tout-Petits (2 mois avec sursis et 800 euros de dommages-intérêts) le 13 septembre 2006. Suite à la venue à Toulouse de Jean-Marie Le Pen le 25 mars 2007, douze personnes furent arrêtées et 5 condamnées à de la prison ferme: les peines allant de 3 à 9 mois. En septembre 2008, en deux jours, à Paris et en banlieue parisienne, on compte trois cas de mise en garde à vue pour des durées allant de 24 à 36 heures, et deux perquisitions de domiciles avec de forts déploiements policiers, au prétexte que ces trois personnes sont soupçonnées d’avoir participé à des actions antifascistes au cours du mois de mai 2008, ayant permis d’empêcher coup sur coup une manifestation où se retrouve la fine fleur des fascistes français et un meeting du groupuscule néofasciste des Identitaires. Ce genre d’opérations policières avaient d’ailleurs déjà été menées un an auparavant à Lille, et à Limoges et Bordeaux. Depuis, on ne compte plus les gardes à vue et condamnations qui concluent de façon quasi-systématique les actions antifas, en particulier en région parisienne.
Cette répression de la part de l’État ne concerne bien entendu pas que les antifascistes, car elle s’inscrit dans un mouvement plus général visant à empêcher de toute forme de contestation sociale qui sorte un tant soit peu des formes généralement admises, comme les manifs sauvages, les actions d’occupation ou auto-réduction etc. Mais on peut lui trouver des facteurs d’explication propres. En effet, l’antifascisme comme question politique « légitime » a disparu à partir de la scission du Front national en 1999. Alors, l’essentiel des antifascistes républicains, dont l’action se limitait à appeler à des fronts républicains afin de faire barrage au FN dans les urnes ont vu la fin du danger que représentait l’extrême droite, alors que pour nous, antifascistes radicaux, non seulement le FN bougeait encore, mais surtout, ses idées continuaient à se diffuser dans le corps politique. Toujours est-il que la disparition de cet antifascisme républicain a sonné, dans l’opinion publique, le glas de la légitimité du combat antifasciste en France aujourd’hui. En effet, le Front national s’est totalement banalisé, le travail de dédiabolisation mené par Marine Le Pen avec la complicité des médias ayant atteint son but : désormais, il n’ y aurait plus de raison de vouloir lutter contre l’extrême droite et ses idées, et il est donc possible de mener une répression les militants antifascistes sans grand risque de choquer l’opinion.
Or, si l’on peut dire que l’extrême droite ne présente pas forcément un risque politique majeur dans l’immédiat, elle représente, du fait de l’institutionnalisation du FN et de la multiplication de petites structures plus ou moins éphémères, souvent en concurrence les unes par rapport aux autres, un risque militant indéniable. Les antifascistes doivent ainsi, dans le même temps, développer des formes d’auto-défense efficaces tout en veillant à ne pas se laisser prendre au piège de la répression, qui est pour l’État le plus sûr moyen à la fois de décourager les militants, mais aussi de les occuper en les obligeant à dépenser du temps et de l’énergie à organiser la solidarité.
La Horde

dimanche 14 septembre 2014

Biarritz: Agression homophobe contre un militant.

Vendredi soir,une agression homophobe a eu lieu à Biarritz sur un militant connu de tous."Sale PD","tu avais pas qu'à être PD" sont les quelques insultes proférées par le couple pendant qu'il le frappait.
 Plus de peur que de mal.
Nous apportons notre soutien total à F et un bon rétablissement.
L'homophobie,lesbophobie n'ont pas de place ni ici,ni ailleurs.
NO PASARAN !

Pavlos Fyssas : 1 an


jeudi 11 septembre 2014

Les fils de Petain

Original mais intéressant l'article du magazine Causette sur la nouvelle génération de fasciste


Ici le lien pour télécharger les 4 pages :
http://www.partage-facile.com/RBOD3XJ6VU/causette_n48_septembre_2014.pdf.html

lundi 8 septembre 2014

Biarritz : une secte fasciste s'installe.

Txartel txiki batzu Doneizpiritun ageri dira. Bere kolorea ikurrinarena
da, lauburu bat erdian, eta filosofi tongada proposatzen ditu. Txartelak
anabab izenpetuak dira.

 Il est apparu sur les murs à Saint Esprit une affichette aux couleurs de
l'ikurrina, avec le lauburu au entre, proposant des réunions et stages
philosophiques. Comme le mlontre la copie d'écran de recherche Google
ci-dessous, Anabab fait partie de la Nouvelle Acropole, secte fasciste

 http://biarritz.nouvelle-acropole.fr/

Lucie : déclaration de notre camarade Lucie.

 Notre camarade Lucie, violée par un fasciste au mois d’aout 2013, souhaite expliquer pourquoi elle ne portera pas plainte. Nous souscrivons bien entendu à cette déclaration et c’est avec fierté que nous la publions. Solidarité avec les victimes de violences policières, avec les prisonnier-e-s !
A.C.A.B.
Quand on me dit « police » j’ai la nausée, quand je les vois je suis énervée. Pourquoi ? Parce que, pour moi, ce sont les nervis du Capital, ce sont mes ennemis au quotidien, ce sont eux qui nous matraquent, qui nous expulsent, qui nous arrêtent, qui nous frappent, qui parfois nous violent ou nous tuent aussi. La police n’est et ne sera jamais mon alliée. Je ne cesserai jamais de les haïr. La bourgeoisie leur donne le pouvoir de s’adonner à leur pulsion barbare.

• Jeudi 21 Août 2014, des policiers traînent de force un algérien de 51 ans sous le coup d’un arrêt d’expulsion qui meurt « d’asphyxie » selon le parquet… Qui considère cette mort comme a priori accidentelle….
• Le 21 avril 2014 les militant-e-s de la CREA (Campagne de Réquisition, d’Entraide et d’Autogestion) de Tolosa sont réprimés pendant l’ouverture de deux maisons dans le quartier de la Roseraie. Encerclé-e-s par une centaine de flics, les occupant-e-s décident de partir en évitant les arrestations. Pourtant les militant-e-s désigné-e-s comme CREA sont violenté-e-s par les flics : matraques, lacrymo, grenades de désencerclement, … un militant prend une balle de LBD 40 dans la tête, plus de la moitié des os du visage explosent. Quatre personne ont été mises en garde à vue, puis relâchées.
• Le 31 Octobre 2013, un couple arrêté après la violente répression de l’émotion déclenchée par un verdict au tribunal de Cergy, un couple est victime de violences policières et ISMAHENE est menacée de viol par les policiers. C’est le couple qui est accusé d’outrage.
• Le 6 février 2013, à Strasbourg un métallurgiste d’Arcelor Mittal venu manifester perd l’usage de son œil suite à un tir de flashball.
• Le 31 décembre 2011, la police clermontoise s’acharne sur WISSAM EL-YAMNI qui tombe dans le coma puis meurt. Aucune justice n’a été rendue à sa famille.
• En 2010, la police suisse abat au fusil mitrailleur UMUT, un jeune kurde, pour vol de voiture, blanchit les assassins et réprime son frère jumeau et l’un de ses amis.
• Le 9 mai 2008 à Grasse, ABDELHAKIM AJIMI meurt lors d’une interpellation. Pourtant condamnés à des peines de 18 et 24 mois de prison, les policiers sont toujours en poste.
• Ce même mois JOSPEPH GUERDENER est assassiné de trois balles dans le dos par un gendarme alors qu’il tentait de s’échapper de la gendarmerie de Draguignan. La Cour d’assises de Draguignan a jugé qu’il avait accompli « un acte prescrit ou autorisé par les dispositions législatives ou réglementaires ». Détail ayant son importance : Joseph était gitan.
Les flics, c’est un danger pour les personnes prostitué-e-s, ils profitent de leur situation précaire pour en faire leur vicitmes, en sachant très bien combien ce sera compliqué pour elles et eux de réclamer justice.
En tant que victime, je pourrais me dire que porter plainte est un bon choix. Après tout, la justice est censée faire son travail sans discrimination. Mais la réalité est tout autre. Ainsi un militant fasciste de Clarmont prend deux ans de prison pour avoir tiré sur des militant-e-s en procédure de flagrant délit pour éviter toute enquête. Alors que les autorités refusent de libérer le militant basque IBON IRRADI, atteint d’une sclérose en plaque sévère malgré l’avis des médecins ; il a été condamné pour avoir voulu défendre l’indépendance de son pays et croupit en prison avec Georges Abdallah. Je pense aussi à ZEHRA KURTAY, militante et journaliste turque, libérée par la Turquie pour raison médicale suite à sa grève de la faim et de nouveau incarcérée en France depuis un an et demi. IBAI PENA, militant abertzale et antifasciste ayant fuit avec ses camarades la torture et la prison au Pays Basque sud a été extradé par MAE par l’Etat français et jeté en prison pour 5 longues années. ENGUERRAND fêtera son anniversaire en prison le 14 septembre prochain.
Des prisonnier-e-s qui meurent et qui sont torturé-e-s en prison parce qu’ils se soulèvent contre l’Etat français, impérialiste et raciste, d’un côté. De l’autre, des militant-e-s fascistes et des policier-e-s qui s’en tirent avec pas ou peu de peine car ils servent le Capital. Je ne fais pas partie du bon camp pour être défendue par la justice bourgeoise.
La justice bourgeoise, les condés et l’Etat français sont nos ennemis, et nous devons les abattre. Cette justice qui ne mérite pas son nom, a fait le choix de libérer Esteban Morillo l’assassin de Clément Méric. En plus d’être une injustice, c’est aussi déclarer clairement que la justice est du côté des fascistes, des assassins. C’est une main tendue au groupe de soutien Justice pour Esteban, un laissé-faire aux fafs et à la violence en toute impunité. Alors que nous, militant-e-s antifascistes nous sommes toujours surveillé-e-s et matraqué-e-s.
Le viol est un crime, crime puni par la loi. Dans les faits c’est 150 000 viols par an, et 198 000 tentatives de viol par an. Une femme est violée toutes les sept minutes. Pourtant ce n’est qu’un viol sur onze qui fait l’objet d’une plainte. 1 356 condamnations pour viol en 2010, on est loin des 150 000 viols effectifs.
Ce qu’on peut voir aussi, c’est l’affaire de la canadienne violée en réunion au 36 quai des Orfèvres par des policiers. Les flics font ce qu’ils/elles veulent, et les gradé-e-s les protègent. Doit-on se laisser faire face aux bourreaux en uniforme ? Non. Nous devons montrer aux fascistes, montrer aux flics ce dont on est capables, ce qu’on est : solidaires et dangereuses et dangereux.
Alors c’est pour les violences policières, pour leur politique raciste et coloniale, pour le harcèlement et les violences que subissent les victimes de viol et d’agression sexuelle par la procédure judiciaire, c’est pour tout cela que je dis « NON ».
Non je ne porterai pas plainte.
Non je ne demanderai pas l’aide des flics.
Non je n’ai pas besoin de la reconnaissance de mon statut de victime par la justice bourgeoise.
Non je ne subirais pas les violences d’une procédure.
Non je ne veux pas de tout ça.
Si vous exigez de moi que je porte plainte, vous dépolitisez le crime que j’ai subi. C’est me renvoyer à un rapport intime et l’agresseur et moi-même. La société entière est concernée parce que j’ai subi. Je l’ai subi parce que je défends mes idées antifascistes mais aussi communistes. Je l’ai subi parce que je refuse le capitalisme, que je refuse de voir mes rues envahies par les fascistes, parce que je porte la solidarité aux prolétaires du monde entier, aux militant-e-s indépendantistes.
Je refuse de répéter les atrocités que j’ai subi devant les condé, les juges, les procureur-e-s, les avocat-e-s, et tout ce clan bourgeois et sexiste qui vont essayer de trouver le point de flou, le point qui fait mal et appuyer dessus. Je refuse de parler à des gens qui vont essayer de savoir si j’ai pu éprouver du plaisir pendant ce viol. Car non, je n’ai à aucun moment éprouvé du plaisir, j’ai seulement atteint le summum de l’horreur. Je ne me suis pas sentie bien, je me suis sentie sale et mal. Je refuse de répondre à des questions portant sur ça, je refuse d’entendre des présomptions sur ça. Je refuse également de détailler où, à quelle heure, avec qui et pourquoi j’étais à cet endroit et à ce moment. Cela ne change rien, l’attaque il la voulait, ce n’est pas du hasard.
Ce dont j’ai besoin, c’est de la force du collectif, c’est de voir des mobilisations et du soutien. Je ne me laisserai pas abattre par la répression fasciste, je resterai militante communiste et antifasciste. Cela ne freinera en rien mes actions et ma détermination à mener ces luttes.
Alors oui, A.C.A.B. et soutien à toutes les victimes de violences policières.
Lucie.

dimanche 7 septembre 2014

Solidarité avec notre camarade Lucie, violée par un fasciste !

Lancement de la campagne antisexiste,a laquelle nous participons ainsi que de nombreuses organisations.
Voici le texte

« Salope de gauchiste, pute d’antifa »
C’est ce qu’a dit un militant fasciste à notre camarade Lucie, pendant qu’il la violait, le 9 d’aout 2013, dans la rue, alors qu’elle était à une soirée.
Pour protéger notre camarade, nous protégerons son anonymat. Nous ne donnerons pas plus de précisions, ni nom, ni localité et nous vous demandons de respecter ce choix nécessaire.
C’était clairement une attaque ciblée contre une militante antifasciste dont l’objectif était de briser le développement d’une activité antifasciste dans sa ville en la brisant elle. Ce qui a doublement échoué. C’était aussi un message adressé à l’ensemble des militant-e-s antifascistes de l’Etat français.
C’est son choix de dénoncer le crime dont elle a été victime et ce choix est une autre preuve de son courage exemplaire que nous saluons. Notre camarade souffre de séquelles physiques à vie.
Un viol, c’est un crime. Un viol commis par un fasciste, pour des raisons politiques, c’est un crime fasciste et sexiste.
Nous réaffirmons notre solidarité avec les victimes de violences et de crimes fascistes de part le monde, crimes desquels l’Etat français est solidaires et complice. L’armée s’est faite une spécialité de l’exportation de ses savoirs faire contre-insurrectionnels, l’Etat français n’a jamais reculé devant les crimes de masse, notamment contre les femmes, pour maintenir sous le joug impérialiste les populations des pays qu’elle domine. Nous réaffirmons notre solidarité avec les victimes de la répression fasciste dans l’Etat français et leurs camarades, répression fasciste qui est allée en 2013 jusqu’au meurtre.
Nous n’avons pas honte. La honte, elle est là pour nous faire taire. Aucun-e survivant-e ne peut être tenu-e pour responsable de la barbarie du système capitaliste et patriarcal. C’est cette société qui est une honte.
C’est un message de solidarité à toutes les victimes d’agressions sexistes que nous souhaitons porter. Nous refusons de considérer comme sali-e-s ou dégradé-e-s les survivant-e-s de violences sexuelles. Ce sont des camarades à part entière, des combattantes. Ce sont les agresseurs qui sont salis et dégradés.
Plus d’un an pour dénoncer un crime fasciste…
Il nous aura fallu plus d’un an pour rendre public ce crime fasciste. Le corps de notre camarade n’est pas un champ de bataille. Qu’elle soit en sécurité matérielle et morale nous paraissait essentiel et a été notre priorité.
Pour la protéger, nous avons du lutter contre les attitudes et propos réactionnaires qui se sont exprimés dans notre entourage politique proche et les effets démoralisants qu’escomptaient les fascistes en commettant cette attaque.
En tant qu’organisation, nous ne nous faisons aucune illusion sur la démocratie bourgeoise. La répression fasciste et policière, c’est un risque que nous assumons, que nous avons déjà eu à surmonter. Chaque épisode répressif que nous avons vécu a renforcé notre capacité de résistance, notre détermination. Notre camarade est un exemple de résistance, de survie, que tous et toutes peuvent saluer.
Nous sommes toujours plus déterminé-e-s à mettre à bas le système capitaliste dont les violences fascistes sont le symptôme du plus complet pourrissement. Nous avons toujours plus la volonté de briser les chaînes de l’oppression sexiste. La rage de vaincre, l’envie de lutter, nous espérons que les faits que nous exposons les renforceront chez vous également.
C’est notre insoumission aux directions bourgeoises des mouvements de masse et aux directives des préfectures qui font nos qualités et nous souhaitons être toujours plus un poison pour elles.
Valoriser l’engagement des femmes dans l’antifascisme
Idéologie fasciste et sexiste vont de pair. Les fascistes, classiquement, lorsqu’ils attaquent des militantes s’adressent avant tout aux hommes de nos organisations et de notre milieu. Menacer de viol, agresser sexuellement ou violer une militante ou la copine d’un militant, c’est dire aux antifascistes, comme l’écrit Virginie Despentes, « je baise ta meuf à l’arrachée ». C’est leur propriété qu’ils souhaitent dégrader et ce faisant, priver nos camarades de tout espace de repli et de sécurité, briser leur moral. Un viol de guerre.
Montrons à ce fasciste, montrons à tous ceux qui, fascistes, policiers, agresseurs, pensent qu’ils peuvent faire ce qu’ils veulent des femmes qu’elles ne sont la propriété de personne, mais des combattantes. Montrons leur combien, solidaires, en mixité ou en non-mixité, elles sont dangereuses.
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Les arrachages de voile, les agressions contre les femmes voilées, policières ou fascistes, sont des actes sexistes et racistes. Arracher un voile, c’est un attentat à la pudeur, souvent doublé de violences physiques voire sexuelles. L’Etat et les gouvernements font tout pour exclure les femmes voilées de l’espace public, par la loi, par une propagande acharnée, encouragent le rejet et les violences.
C’est réduire les femmes à un outil de reproduction que de s’attaquer aux non-blanches et aux couples mixtes. Dans l’imaginaire des réactionnaires, c’est par le ventre des femmes que passe le « grand remplacement » visant à « métisser la race blanche ».
Valoriser l’engagement antifasciste des femmes, c’est non seulement leur faire une place dans les organisations antifascistes, mais c’est aussi porte la lutte contre le racisme et l’islamophobie, avoir une pratique et des mots d’ordre résolument tournés vers les classes populaires.
Regarder la barbarie de la société capitaliste en face et serrer les rangs
Ce que notre camarade a subi nous a obligé-e-s à regarder droit dans les yeux la barbarie du système capitaliste. Nous ne pourrions prétendre être révolutionnaires en refusant d’affronter les terribles violences qu’elle engendre, car refuser de regarder la réalité dans toute son horreur, c’est se priver de mener la lutte contre ces violences.
Dans cette société qui laisse seul-e les individu-e-s, ballotté-e-s par le système capitaliste, faire face aux usures et traumatismes, nous avons besoin pour faire face de reconstruire du collectif et de la solidarité. Chaque camarade de lutte, chaque prolétaire est capable d’apporter dans la lutte pour la révolution, de nous aider à bâtir une société débarrassée de l’exploitation et des oppressions. Nous ne bâtirons pas la révolution ni le socialisme en piétinant nos camarades.
La lutte contre l’influence du sexisme dans nos organisations et nos milieux
Nous ne sentons guère à même de donner des leçons à qui que ce soit concernant l’anti-sexisme. Les retards dans notre capacité à nous exprimer publiquement sont autant le fait d’éléments extérieurs à notre organisation que d’une réalité interne bien plus retardée que celle que nous affichions fièrement.
La société patriarcale craque de partout. Mais notre culture et nos rapports sont imprégnés des rapports sexistes. L’essentiel est de le reconnaître, de ne pas se contenter d’une autosatisfaction d’oppresseurs à l’aise dans leur rôle d’oppresseurs, mais de l’affronter.
Ce n’est pas celles et ceux qui dénoncent sexisme, racisme, islamophobie, LGBTIQphobie qui sont une menace pour nos organisations mais bien ces rapports d’oppression.
Les faits que nous dénonçons ne sont exceptionnels que dans la mesure où c’est un ennemi politique qui a commis ce crime. Le viol est une réalité de masse, puisque 150 000 viols sont commis par ans dans l’Etat français. Le viol, c’est une arme de guerre utilisée contre les femmes. Et c’est une guerre qui se déroule avant tout dans les espaces affinitaires puisque 85% des viols sont commis par des personnes connues des victimes et à 60% à leur domicile.
Chaque parole publique dénonçant une agression sexiste, un viol, est une brèche dans l’omerta qu’on impose aux filles victimes de viol. Qu’elle puisse encourager d’autres femmes à parler est pour ceux qui n’ont pas la conscience tranquille un risque trop important. Voilà pourquoi nous avons du affronter les rires, l’hostilité, la minimisation des faits que dénonçait notre camarade dans notre espace politique le plus proche. En faire taire une, c’est faire comprendre à toutes qu’elles ne doivent pas parler.
L’impasse de l’antifascisme républicain
Nous tenons à pointer la responsabilité du PS dans ce qu’il s’est passé : il a laissé intentionnellement déferler les hordes réactionnaires plusieurs mois durant dans les rues de tout l’Etat français pendant le mouvement contre l’adoption du mariage pour tous. En outre, quel a été l’effet des mesures de dissolutions de groupes fascistes prises par Manuel Valls ? Un fasciste se permettait, juste après ces mesures, de violer l’une de nos camarades.
Il arrive à la bourgeoisie de réprimer ses nervis fascistes lorsqu’ils dépassent le cadre de leur mission de terreur. Mais ils sont l’un des appareils de répression de la bourgeoisie, comme l’est la police. Vaine et destructrice en terme de forces est la tactique qui consiste à aller toquer à la porte des préfectures et des mairies.
Police et justice dressent des barrières infranchissables devant les survivant-e-s d’agressions sexistes, elles sont elles-mêmes là pour maintenir l’ordre bourgeois et patriarcal.
L’antifascisme n’a pas besoin d’avoir l’air gentil, de se dépolitiser et de se tourner vers les sociaux-démocrates pour être de masse, au contraire. L’antifascisme n’est pas une question morale, c’est une question de classe, c’est une lutte contre un des bras armé de la bourgeoisie et contre les divisions qu’elle sème dans nos rangs. Les idées réactionnaires gagnent du terrain. A nous de savoir porter mots d’ordres et pratiques propres à rétablir conscience, organisation et solidarité de classe au sein du prolétariat.
Que le courage de notre camarade soit salué, que sa parole vous transmette toute sa détermination, toute sa colère, toute sa volonté de vaincre.
Face aux violences sexistes et fascistes, construisons la solidarité de classe !
Unité et solidarité contre les fascistes, sexistes et violeurs, nervis des capitalistes et du patriarcat

 http://antifafemrev.wordpress.com/



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mardi 2 septembre 2014

Clément Meric : Libération de l'assassin !

Encore une preuve que la justice protège les nazis !
Article paru dans l'express:

Esteban Morillo, principal suspect du meurtre du militant anti-fasciste Clément Méric, a été libéré sous contrôle judiciaire ce mardi. 

Plus d'un an après son incarcération, Estaban Morillo, le principal suspect dans la mort de Clément Méric a été remis en liberté ce mardi, a indiqué une source judiciaire à l'AFP. Le jeune skinhead, âgé de 20 ans au moment des faits, est soupçonné d'avoir porté le coup mortel sur l'étudiant de Sciences Po. Mis en examen pour "violences volontaires en réunion et avec arme ayant entraîné la mort sans intention de la donner", Esteban Morillo sera soumis à un contrôle judiciaire strict qui lui interdit notamment de quitter son département de résidence.

COMMUNIQUE du comité de soutien à Clément:


Communiqué du « Comité pour Clément » sur la mise en liberté de M. Morillo :
"Nous avons appris ce jour la libération sous contrôle judiciaire de M. Morillo, principal mis en cause dans la mort de notre camarade, Clément Méric.
Rappelons d’abord que la fin d’une détention provisoire ne présage en rien de l’issue d’un procès, et encore moins de l’innocence des mis en examen. En effet, la détention provisoire est une mesure d’exception qui doit être justifiée par les nécessités de l’instruction et cesser dès que possible. Les parties civiles ne se sont d’ailleurs prononcées sur aucune des demandes de remise en liberté, et ce depuis le début de l’affaire.
Qu’il soit bien clair aussi que nous ne prônons pas l’enfermement comme solution, que nous ne le souhaitons à personne ; et surtout que nous ne nous en remettons pas à la justice pour lutter contre l’extrême droite.
Elle a d’ailleurs prouvé son indulgence voire sa bienveillance à l’égard de celle-ci à plusieurs reprises : les assassins de Brahim Bouarram ont été condamnés à des peines de huit mois à un an ferme, un militant qui a tiré sur un concert de soutien aux sans-papiers a été condamné à deux ans de prison en comparution immédiate sans aucune enquête sur les complicités dont il a bénéficié, Serge Ayoub est relaxé de l’assassinat de James Dindoyal et nous pourrions poursuivre cette triste liste.
La libération de M. Morillo ne doit pas faire oublier que les preuves à l’encontre des militants de 3e Voie qui ont agressé Clément sont accablantes. Loin de la présentation qu’en font certains médias qui renvoient deux versions dos à dos, l’enquête a permis de préciser les zones d’ombres des premières semaines. Plusieurs témoins confirment la présence de poings américains dans le groupe de skinheads ainsi que l’appel de renforts par SMS et appels téléphoniques. Les relevés d’appel confirment également le lien direct entre les agresseurs de Clément et Serge Ayoub, qui prétendait pourtant ne pas les connaître. Enfin, la vidéo de surveillance citée en juin par RTL, dans ce qui restera une belle intoxication d’un média peu regardant, démontre que Clément et ses amis n’ont pas bougé d’un centimètre en direction de leurs agresseurs qui se sont bien jetés sur eux.
Mais le mal est fait. L’extrême droite a réussi son coup de communication avec la complicité de nombreux journalistes qui se sont empressés de relayer leurs versions, voire de donner de l’importance à des provocations verbales alors que notre camarade avait été frappé à mort.
Notre combat ne vise pas à une vengeance judiciaire par l’obtention de lourdes peines. Il vise à refuser que soient mis sur un pied d’égalité les idées de haines et de violence de l’extrême droite avec les idées d’égalité et de progrès social que nous défendons.
Comité pour Clément"